Crolla Henri

Henri CROLLA

( Guitariste )

Né à Naples (Italie) le 26 février 1920
Décédé à Suresnes (France) le 17 octobre 1960
Enrico CROLLA dans une famille de musiciens napolitains itinérants qui jouaient surtout en Allemagne en Bavière dans des établissements réputés.
La Première Guerre Mondiale ramène cette famille à Naples où ses membres perdent leur statut d’artiste.
Avec la montée du fascisme, ils quittent l’Italie en 1922 pour la France et s’installent à Paris, Porte de Choisy dans la « zone » (mi bidonville – mi terrains vagues) avec des immigrants, les gitans et les manouches qui y séjournent fréquemment.
Parmi ces manouches il y a la famille REINHARDT où le petit « Rico » est considéré comme un des enfants de la tribu par la mère de Django.
Il commence à jouer avec la mandoline de sa mère pendant qu’elle travaille.
Il a trois ans et ses parents survivent en jouant dans la rue et en vendant des oignons et de l’ail, ce qui ne plaît pas aux enfants.
Ils veulent un vrai travail en usine.
Seul Enrico suit la trace musicale de ses parents : Antonio et Teresa, amis du compositeur Nino ROTA , qui s’illustrera comme compositeur de musique pour les films de Fellini.
Antonio persévère et forme de petits ensembles.
Il encourage Enrico qui ne demande que ça.

À huit ans, il commence à délaisser l’école pour aller jouer du banjo aux terrasses des cafés riches, des brasseries à la mode telles que « La Coupole ».
Il figure sur un des piliers, immortalisé par les peintres de Montparnasse.

À treize ans, il joue dans la rue et rencontre Lou BONIN du « G roupe OCTOBRE » et vient d’entrer dans l’univers des mots et des images de Jacques et Pierre PRÉVERT , et de Paul GRIMAULT.
Paul GRIMAULT et Jacques PRÉVERT le prennent en amitié.
De 1935 à 1938 il vit chez Paul GRIMAULT où il découvre la guitare et le jazz.
Chez Paul GRIMAULT , le peintre Émile SAVITRY amène quelques-uns de ses amis musiciens : les frères FERRET et surtout Django REINHARDT et Joseph REINHARDT dont la formation, le « Quintette du Hot Club de France » vient d’inventer une forme de jazz originale.
Là, il découvre toutes les possibilités du vrai jazz : l’improvisation, la création spontanée, la liberté.
Très vite il fait partie des musiciens invités dans les clubs où se produisent les saxophonistes Coleman HAWKINS et Benny CARTER , le trompettiste Bill COLEMAN et l’accordéoniste Gus VISEUR avec qui il joue à « La Boite à sardines », un des premiers clubs de jazz.
La 2nd Guerre Mondiale interrompt son parcours.
Mobilisé en Italie, il déserte et revient en France.
De 1940 à 1945 il vit en alternance de travaux d’occasion et de concerts.
En 1946 il est naturalisé français.
En 1940-41 il avait sympathisé avec les jeunes comédiens du Café de Flore lorsqu’il jouait devant la terrasse et était devenu copain avec Simone KAMINKER (la future Simone Signoret), une amitié jamais démentie.
En 1945 il est un musicien de jazz en voie de consécration.
Il obtient le prix de l’Académie du Jazz en 1947 avec le pianiste Leo CHAULIAC et le contrebassiste Emmanuel SOUDIEUX.
En 1947 il rencontre le chanteur Yves MONTAND et devient sa conscience musicale.
En 1951 il est avec Boris VIAN et le compositeur Louis BESSIÈRES dans le cabaret « La Fontaine des Quatre Saisons » où la chanteuse BARBARA n’a pu obtenir qu’une place de plongeuse , la programmation étant bouclée pour l’année. Jusqu’en 1957-58, il a un parcours tourné vers le music-hall avec la composition de 40 chansons et quelques années intenses de tournées.
Entre 1947 et 1953, Yves MONTAND et le quintette créé avec le pianiste Bob CASTELLA parcourt tous les lieux de spectacle, les clubs, les casinos et les salles populaires de l’ Étoile et de l’ ABC.
En 1954, Montand faisant une pause cinéma, il compose des musiques pour des courts-métrages et des documentaires avec le compositeur André HODEIR.
En 1947, Yves MONTAND lui présente une jeune journaliste, Colette RAVIER.
Coup de foudre, et Henri CROLLA lui rend la politesse en 1949 en lui présentant Simone SIGNORET.
En 1954-55 le « Club Saint-Germain » reprend ses activités et Crolla invite le violoniste Stéphane GRAPPELLI , Emmanuel SOUDIEUX et le batteur « Mac Kac » REILLES pour quelques soirées jazz.
Il grave ses premiers enregistrements jazz chez Vega.
Depuis 1950, avec André HODEIR , ils ont composé plus de cent musiques pour courts-métrages et en 1954-55, ce sont les premières pour des longs-métrages tels que « Gas-Oil » avec Jean GABIN et Jeanne MOREAU, « Une parisienne » et « Voulez-vous danser avec moi » avec Brigitte BARDOT.
Les années 1955-58 sont très intenses : jazz, cinéma, musiques populaires (trois albums de guitare solo), une tournée en U.R.S.S avec Yves MONTAND et, en 1956, essai de comédien avec « Enrico cuisinier », film burlesque de Paul GRIMAULT et Pierre PRÉVERT.
Dans les enregistrements pour Vega , il choisit des musiciens comme le clarinettiste Maurice MEUNIER , le tout jeune pianiste Martial SOLAL , le contrebassiste Emmanuel SOUDIEUX , le batteur Pierre FOUAD et des compagnons réunis pour un hommage à Django REINHARDT.
C’est grâce à lui que Paul PAVIOT réussit à tourner un film sur cet hommage à Django en 1958 où l’on retrouve le clarinettiste Hubert ROSTAING , Joseph REINHARDT , Stéphane GRAPPELLI et lui-même.
Avec la famille PRÉVERT-GRIMAULT il s’éloigne du métier de musicien, car le cinéma l’attire de plus en plus.
Au hasard des rencontres, il accompagne les chanteuses Germaine MONTERO et Edith PIAF ou le chanteur MOULOUDJI.
En 1954 Jacques PRÉVERT enregistre « Paroles » avec la guitare de Henri CROLLA en contrechant improvisé.
En 1958, c’est lui qui emmène Georges MOUSTAKI chez Edith PIAF.
En 1959, il rencontre un jeune comédien, Jacques HIGELIN , devient son mentor et lui suggère d’essayer la chanson.

À cette époque, il décroche, avec Higelin, le premier rôle du film d Henri FABIANI « Le bonheur est pour demain » et meurt d’un cancer du poumon à la fin du tournage le 17 octobre 1960.
Il avait quarante ans.